Voilà, j'ai TOUT fait pour gagner le dernier roman d'Agnès Abécassis, TOOOOOUUUUT ! Le concours organisé par son éditeur, celui de Cosmopolitan, et pour finir, j'ai même tenté ma chance en rédigeant une courte nouvelle pour le concours concocté par le site Plume libre. (Il s'agissait d'écrire une page maxi en commençant par : elle fixa le miroir de la salle de bain. Soudain...)
Rien ! Chou blanc ! Que couic ! Pfffff...
Pour la peine, je publie donc ma lamentable prose ici...
RID(HIC)ULE !
Elle fixa le miroir de la salle de bain.
Soudain, elle aperçut une fissure suspecte en plein milieu de la glace ! Elle s'approcha pour examiner les dégâts mais, constata que la fissure était mobile et, comble du comble, qu'elle prenait du volume à mesure qu'elle s'en approchait.
- Morne couille ! Une ride ! s'exclama-t-elle, stupéfaite.
Elle plaqua son visage tout contre le miroir pour constater qu'en approfondissant l'expertise, la garce de ride n'était pas la seule à strier ce visage hier encore ultra lisse !
- Aaaaaah ! Les cousines sont aussi de la partie ! Regarde-moi ces pattes d'oies, on dirait des fourches à fumier !
Au faîte de ce drame, elle fut arrachée à son tourment par le timbre rauque du mâle aimé.
- T'as pas vu mon écharpe ? J'suis à la bourre !
- Je me fiche de ton écharpe, je suis un shar-peï ! Et si je la trouve, je me pends avec en l'attachant à la barre de douche !
- Tu ne risques rien, je l'ai fixée trop souple ! Et puis j'adore les chiens ! Tant pis pour mes amygdales, je file, à ce soir ! Et ne bave pas partout hein, wouaf !
Le mufle l'abandonna à son désarroi. En tête à tête avec ses sillons fraichement creusés, elle se mit à déprimer sec ! Elle regretta soudain d'avoir négligé de se tartiner de crèmes anti-rides, de potions anti-bide, de masques hydratants, de baumes ultra-chiants... Elle n'a jamais été friande de tous ces produits, probablement trop confiante en son capital de base, trop feignasse pour s'occuper de son propre corps. Et voilà que son insouciance est en train de lui labourer le visage avec une ardeur exagérément zélée. «Ô sénescence toute puissante, pourquoi as-tu décidé de jeter ton dévolu sur moi qui ne suis pas psychologiquement préparée ?!», pensa-t-elle. «Il y a des tas de vieilles peaux à tanner, pourquoi la mienne ?».
Consciente que son jour de repos démarrait sous les plus mauvais auspices, elle décida de se reprendre et quitta cette maudite salle de bain. Elle brancha la chaine stéréo sur sa station de radio préférée. Celle-ci jouait un morceau du groupe Alan Parsons Project. Elle n'eut que le temps d'écouter le refrain, «I can «ride» your mind», avant d'éteindre l'appareil d'un doigt rageur. Elle se rabattit alors sur le premier CD qu'elle trouva : Lou «Ride» !
- Grrrrrr ! Je n'ai plus qu'à me farcir un bon DVD !
Elle arrêta son choix sur «Thelma et Louise». Le faciès fripé de Susan Sarandon lui redonnerait le sourire ! Mais elle abandonna très vite son idée en se remémorant le nom du réalisateur : «Ride Laid» Scott !
- Marre marre marre ! Fulmina-t-elle ! Où est cette saleté d'écharpe que j'aille me pendre ?
Après quelques minutes de recherches laborieuses, elle trouva enfin le cache-nez, dans les toilettes (les hommes ont décidément une logique qui nous échappera toujours !), négligemment jeté sur une pile de magazines. Elle saisit l'écharpe d'un geste si brusque que toutes les revues s'écroulèrent. Son regard s'arrêta soudain sur une couverture au titre évocateur : «40 ans : vous n'avez jamais été aussi belle !». Elle se laissa choir mollement sur la lunette des WC pour éplucher ce numéro de Marie-Eulalie jusqu'à ce qu'elle parvienne au dossier du mois : Le bonheur d'être quadra. Commença alors une longue remontée au beau fixe d'un moral enseveli au tréfonds de ses chaussettes, à grands coups de «vous êtes enfin au summum de votre féminité, la maternité a embelli vos courbes, vos ridules vous donnent de la personnalité, l'expérience vous a appris mettre en valeur vos atouts, les hommes de n'importe quelle tranche d'âge vous convoitent, vous êtes de vraies bombes à l'image des Marceau et autres Bellucci...».
Elle dévora tous les articles avec un sourire béat. Elle sortit, chancelante, les jambes envahies de fourmis, mais absolument radieuse, «j'ai 42 ans, mes ridules me donnent de la personnalité, je suis belle et désirable !». Elle roula l'écharpe du mâle aimé en boule et la jeta sans aucun état d'âme à la poubelle !