Un an et demi après la publication de mon premier roman "Avec le temps...", le petit dernier "télé-vénalité" voit enfin le jour. Il est d'ores et déjà disponible auprès de moi sur simple demande par mail (vanessa.mattin@wanadoo.fr) et bientôt sur fnac.com.
Voici un extrait, histoire de prendre un peu la température...
Nous avions convenu d’un repas simple, « à la bonne franquette », je passai par conséquent bien plus de temps dans ma salle de bains que derrière mes fourneaux. Je shampooinai ma tignasse ternie par la poussière avant d’y répartir savamment quelques rouleaux auto chauffants puis je m’attaquai au plus difficile : le maquillage, ou comment camoufler mon pif d’épervier et mes rides éparses. Au moment d’enfiler une paire de bas, une question existentielle s’imposa à moi à l’instant où mes yeux se posèrent sur des tibias velus à souhait : « Dois-je ou non m’épiler ? Depuis le temps que je laisse la nature reprendre ses droits, il va falloir que j’y aille au taille-haie avec des poils aussi drus ! On ne sait jamais, jouons la carte de la prudence et ratiboisons tout ça ! »
Le vrombissement de l’épilateur électrique atténua considérablement le tintement de la sonnerie et ce fut Cyril, encore et toujours à son poste à ces heures indues, qui accueillit mon invité, très en avance et très étonné d’être ainsi reçu. Cyril le fut davantage puisque résolu à me voir rester vieille fille, il était à cent lieues d’imaginer que je puisse m’offrir un dîner romantique en galante compagnie. Après une bonne minute de silence malsain, Léonard brisa la glace :
- Bonsoir, je suis bien chez Christine Poirier ?
- Ouais. Vous aviez rendez-vous ?
- Pour dîner, oui.
- Attendez ici un instant, je vais voir si elle est là.
Comme je ne répondais pas à ses appels et n’entendant que le bruit sourd de mon appareil de torture, inquiet, Cyril entra sans ménagement dans la salle de bains où il me découvrit en petite tenue et abondamment « roulottée », assise sur le rebord de la baignoire, les pattes en l’air, en plein exercice de débroussaillage. Choqué et très gêné (pas autant que moi j’en étais sure), il referma aussitôt la porte en se confondant en excuses avant de me prévenir de l’arrivée du beau Léo.
- Merde ! Il est déjà là ? S’il te plait occupe le encore quelques minutes, le temps que je me « termine ».
Tentant d’oublier les images consternantes qui venaient de s’offrir à lui, mon assistant m’obéit et s’en fut s’entretenir avec l’objet de mes désirs quelques instants.
- Christine est au téléphone avec un client, elle pourra vous recevoir dans une petite minute. Alors, vous vous êtes rencontrés il y a longtemps ?
Léonard lui raconta brièvement nos quelques cascades qui firent sourire Cyril sans réellement le surprendre, il avait déjà eu un large aperçu de mes frasques depuis quelques mois ! Il confia à son interlocuteur :
- Christine est une femme épatante, elle donne sans compter, les autres passent toujours avant elle, je suis heureux de voir qu’elle est capable de penser un peu à sa petite personne pour une fois.
- Vous la connaissez bien je suppose ?
- Pas tant que ça, même si je passe énormément de temps en sa compagnie et que je l’apprécie beaucoup. Vous savez, Christine a un jardin secret grand comme la forêt amazonienne, c’est une personne très difficile à cerner. Mais ce dont je suis sure, c’est que personne n’est aussi généreux qu’elle et que le premier qui la fait souffrir aura affaire à moi !
- Si ça peut vous rassurer, je vais tenter de défricher ce fameux jardin en douceur !
J’interrompis la discussion de ces messieurs en apparaissant, quasi méconnaissable, pomponnée et amincie dans l’incontournable « petite robe noire » qui trouve sa place dans la garde robe de toutes les femmes un tant soit peu complexées de ce bas monde.
- Entrez donc Léonard, laissez-moi votre manteau.
Le temps que je remise sa pelisse dans le dressing de l’entrée, la subtile créature liait déjà connaissance avec le mâle velu qui partageait mon quotidien : mon cochon d’Inde.
- C’est mignon comme tout cette petite chose, comment s’appelle-t-elle ?
- Je vous présente Mike Tyson !
- Lui aussi il colle des beignes aux gens qu’il ne connaît pas ? C’est une caractéristique propre aux occupants de cet appartement si je comprends bien ?
- Non il est plutôt pacifique maintenant. Sauf qu’à l’époque où je l’ai acheté, il avait boulotté les oreilles de tous ses colocataires de l’animalerie, Mike Tyson s’est donc imposé comme une évidence !
- Je vois, vous êtes un sacré phénomène Christine Poirier, lâcha-t-il avec un franc sourire.
- Tomates mozzarella et torsades à la carbonara, ça vous va ?
- Je m’en pourlèche déjà les badigoinces !
Trop excitée pour apprécier les agapes, j’aurais tout aussi bien pu ingurgiter des topinambours tout secs sans m’en apercevoir. Voulant lui signifier à quel point je m’intéressais à sa personne, je commençai à le questionner sur le contenu de ses écrits au moment du café.
- De quoi parle-t-il votre roman ?
- De sexe !
- C’est vrai ?! Demandai-je surprise et incrédule, laissant dégouliner un peu de mon expresso le long de mon menton.
- Absolument ! Je suis la mouvance que voulez-vous, il n’y plus que ça qui marche actuellement sur le marché littéraire, le cul cru.
- C’est quoi ça le « kukru » ? Une position du Kama sutra ?
- Je veux dire être capable de dépeindre des scènes de sexe de façon plus ou moins bestiale, les gens en raffolent, les hommes comme les femmes d’ailleurs.
- Et où trouvez-vous l’inspiration pour pondre ce genre de prose si ce n’est pas trop indiscret ?
- Ah ça, j’ai dû me taper un paquet de films et pas des plus ragoûtants je vous le garantis ! Du « Père Noël est une affaire » à « Quatre dépucelages et un enterrement de vie de garçon », j’en passe et des meilleurs ! Ca vous choque ? Me demanda-t-il après un court silence.
- Non, disons que ça me surprend. Je n’ai peut-être pas reçu une éducation très ouverte dans ce domaine, en dehors de la sacro-sainte verge conceptrice de ses enfants, je ne crois pas que ma mère ait côtoyé d’autres spécimens, mais je suis plus amusée que choquée ! Vous n’avez pourtant pas l’allure d’une personne qui écrit des romans érotiques, pas le regard d’un pervers, ni l’attitude d’un obsédé … Lui dis-je en appuyant mes affirmations d’un regard coquin. Quel est le titre du roman ?
- Fantorgasm. L’homme qui assouvit tous les fantasmes et garantit d’atteindre l’orgasme !
- Ca laisse rêveuse, c’est sûr !!!
La soirée se poursuivit, les éclats de rire alternèrent avec des confidences plus sérieuses. Tard dans la nuit, alors que nous abordions le sujet de son divorce, sa main frôla mon bras qui en frissonna de surprise, peu à peu, le silence se fit pour laisser la place au langage des corps frémissants. Des sensations oubliées depuis longtemps se réveillèrent au rythme des caresses, une vague d’émotions quasi inconnues me submergea et me plongea dans un trouble exquis. Le plaisir de redécouvrir la chaleur d’une bouche charnue sur mes lèvres entrouvertes, le bonheur de sentir à nouveau un souffle tiède sur ma nuque, de frôler une peau nue du bout des doigts. Au bien-être suprême, se mêlait la crainte de n’être plus capable de faire l’amour, ou plus exactement de bien le faire. Devinant mes réticences, Léonard s’enquit de savoir si je souhaitais qu’on s’arrête là mais je l’encourageai à poursuivre. L’atmosphère se détendit considérablement lorsqu’il retira délicatement mes bas et s’attarda sur la multitude de points rouges qui mouchetaient mes jambes dodues. Il n’osa pas ouvertement me demander si je souffrais d’une quelconque MST mais je préférai le rassurer sans tarder sur la nature de cette étrange constellation, résultat d’une épilation musclée réalisée à la hâte. Il rit de bon cœur avant de chuchoter plus sérieusement :
- Est-ce que tu prends un moyen de contraception ou dois-je plastifier mon outil ?
- Je suis on ne peut plus saine et j’ai un moyen de contraception infaillible.
- Ah oui, lequel ?
- La ménopause !
Nous partîmes dans un énième fou rire avant de nous laisser aller dans une ivresse sensuelle nirvanesque et je me demandai comment j’avais pu priver mon corps de tant de plaisirs aussi longtemps. Cette nuit-là, je ne parvins pas à fermer l’œil, lequel (ainsi que son jumeau !) resta rivé pendant des heures sur le corps de cet homme pour qui je sentais déjà naître des sentiments dont le contrôle semblait totalement m’échapper. Je souris en pensant que depuis son achat, ce matelas n’avait encore pas accueilli de représentant du sexe fort, et me promis de vérifier dès le lendemain la date de son acquisition que je supposais remonter à pas mal d’années !