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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 11:20




Luc DOYELLE - 46 ans
Un roman publié : "Les liaisons presque dangereuses"
Le second  "C'est au pied du mur qu'on mange des merles" sort d'ici quelques jours aux éditions Laura Mare


Son envie d’écrire remonte à une vingtaine d’années, lorsqu'il avait 20 ans et des poussières. A l’époque, il n’a aucune idée de ce qu'il veut exprimer, mais il sait qu'il écrira un jour.

"Je ne suis ni littéraire ni matheux dit Luc. J’étais bon dans toutes les matières à l’école, mais je n’étais un génie dans aucune! J’envisageais une carrière dans le monde médical, et c’est tout naturellement que j’ai suivi une voie scientifique."

Après s’être fourvoyé en fac de médecine, Luc bifurque vers une école d’infirmiers. C’est à cette période que le désir d’écrire se précise. Mais il lui faut attendre l’âge de 43 ans pour que cette envie prenne forme, sur un coup de tête. Et c'est la naissance de son premier roman "Les liaisons presque dangereuses".


Sa première recherche d’éditeur lui prend un an. Il commence par les grandes maisons d’édition, qui lui ferment toutes la porte au nez sans même lire son manuscrit. "Mes documents me revenaient intacts, même pas ouverts, dit Luc. Ce qui est étonnant, c’est que ces grands éditeurs se déclarent découvreurs de talents, alors qu’ils ne font pas l’effort de lire les manuscrits. Ils exigent qu’on leur remette des documents en recto seul, double interligne, et surtout, des manuscrits complets, ce qui génère un coût important pour l’auteur, en pure perte. C’est une façon de décourager les auteurs en herbe."

Mais avoir finalement trouvé un éditeur ne le met pas à l’abri des problèmes. Il doit assurer seul la promotion de son roman, trouver des lieux de dédicace, des salons, toucher directement les lecteurs.

"On ne prête qu’aux riches, dit Luc. On achète le livre d’une vedette parce qu’elle a du succès, pas parce que son livre est bon. Il existe une sorte de frilosité chez le lecteur en général, il a du mal à faire l’effort de la découverte. Il va au plus facile : la tête de gondole !

Depuis que j’écris, j’ai moi-même modifié mon comportement de lecteur. Je suis en contact avec de plus en plus d’auteurs, dont je découvre les écrits, et certains valent bien mieux que les romans à succès que les grands éditeurs nous imposent."


Un jour, pour sa promotion, il trouve une formule originale : l’humour.

Et un support: Internet.
Un site, un blog, et Facebook.

Il poste sur internet des photomontages montrant les grands de ce monde tenant son livre à la main : Marc Lévy, Amélie Nothomb, Mao Zedong, Gandhi, et même Dieu offrant son roman à Adam, au plafond de la Chapelle Sixtine…

Il parodie des affiches de films, monte des petites vidéos à base de scènes cultes du cinéma. On y voit par exemple Lucius sous les traits de Charles Bronson, de John Travolta et d’autres stars, pourchassé par le fourbe Albin Michel qui lance à ses trousses Marc Lévy et Amélie Nothomb, dans le but de lui voler son manuscrit, promis au prix Goncourt.

En postant ces photomontages, ces vidéos détournées, le public suit. Pas en masse, mais suffisamment pour qu'il bénéficie d’un bouche à oreille très sympathique. "Pour aller plus loin, dit Luc, il est essentiel d’avoir le soutien des grands médias : TV et radios. Sans ça, impossible ou presque d’espérer une diffusion nationale. Les auteurs ne sont pas pris au sérieux s’ils ne sont pas invités dans une grande émission. Pourtant, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui sont sur le devant de la scène. Ce sont les plus médiatiques. Il faut avoir une forte personnalité, avoir une image qui passe bien à l’antenne (Beigbeder, Lévy, Nothomb, etc…)."

En septembre 2009, il envoie à l'éditrice Laura Mare son deuxième manuscrit "C'est au pied du mur qu'on mange des merles". Elle lui signe immédiatement un contrat : le roman sera publié fin janvier 2010.

Mais de quoi vit Luc Doyelle?
Il est infirmier en psychiatrie depuis 23 ans, et de nuit depuis 8 ans.

Sept nuits par quinzaine, de 21h30 à 7h30. Cela lui permet d’avoir un peu plus de temps libre, mais au prix d’une plus grande fatigue. Il peut prendre sa retraite dans 9 ans (à 55 ans), mais il espère bien d’ici là pouvoir passer à autre chose.

"Je ne regrette pas mon métier d’infirmier, dit Luc, mais c’est usant sur le long terme. Côtoyer la souffrance humaine, surtout en psychiatrie, laisse des traces. Mon travail est avant tout relationnel, basé sur le dialogue. Les patients déversent leur souffrance dans un flot presque continu. Il faut savoir encaisser ! Et donner les bonnes réponses. Surtout, ne pas faire à la place du patient. On les aide simplement à aller mieux, à trouver leurs réponses. Nous sommes des catalyseurs. Mais surtout, nous sommes confrontés à l’échec au quotidien."

Lorsqu'il rentre chez lui au matin, Luc croise sa femme qui part au travail, et ses deux enfants, 14 et 18 ans, qui se préparent à aller au lycée. Il dort très peu… entre son boulot de nuit et sa famille, il lui faut trouver du temps pour l'écriture!

Et aussi pour la photo artistique, sa deuxième passion, qu'il exerce en semi-professionnel (il réalise lui-même les photos de couverture de ses romans)…

Son but est évidemment de pouvoir un jour vivre de sa plume. Il ne cherche pas la gloire, mais aimerait avoir le temps de se consacrer exclusivement à cette passion.

"Mes habitudes d’écritures sont variables, dit Luc. Je suis capable d’écrire 15 pages par jour, mais également de rester de longs mois sans rien écrire. Depuis que j’assure la promotion de mon premier roman, j’écris très peu. La promo me prend tout mon temps et toute mon énergie (plusieurs heures par jour). C’est pourquoi, avec l’aide de ma nouvelle éditrice Laura Mare, j’espère pouvoir écrire à nouveau… tandis qu'elle s'occupera de la promo de mon deuxième roman!"

Ce qui frappe chez Luc Doyelle, c'est le paradoxe : autant son écriture est exubérante et drôle, autant l'homme est timide et introverti.

"L’écriture est une façon d’exprimer ce qui ne sort pas naturellement chez un être réservé, discret, silencieux, dit Luc.

C’est aussi un exutoire formidable. L’humour permet de se lâcher complètement, de créer des situations rocambolesques que jamais je ne vivrai… dans la vraie vie."

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commentaires

M
<br /> Une interview très instructive, merci Vanessa :-)<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Même si cela ne change au rien au problème, Luc toi-même, et tout un tas d'autres personnes peu fréquentables, je ne parle pas de moi bien entendu ;-), rencontrons les mêmes problèmes, partageons<br /> les mêmes frustrations qui nous laissent un goût amer en bouche.<br /> L'univers de l'édition est cadenassé par un petit nombre d'"élus" qui se reproduisent entre eux, avec les dommages et les limites qu'on imagine.<br /> Le lecteur succombe à la facilité, puisqu'on parle partout des mêmes livres et des mêmes auteurs, cela doit forcément être bon...<br /> Il y a tant à découvrir !<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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Février 2010 : sortie de "La vraie nature du petit Paul Hueur" aux éditions Laura Mare. Petit conte écorigolo à mettre entre toutes les petites menottes !

 


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Mon premier roman paru en 2005 aux éditions Paulo-Ramand. Comment encaisser sa trentième année avec le sourire malgré une journée anniversaire cauchemardesque.
A part une occasion sur amazon ou fnac.com, voire Vinted, vous n'aurez malheureusement que peu de chances de le trouver.

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En 2007, paraissait ce recueil de 8 "copains des livres" aux éditions Edilivres au profit de l'AFM (Association Française contre les Myopathies). J'y ai modestement participé avec ces sept très belles personnes rencontrées sur le web ces dernières années (Marie-Paule Asselain, Chantal Bauwens, Marie-Laure Bigand, Jacques Devaux, Liza Lo Bartolo-Bardin, Yannick Piel et Francine Ruellan).